J'avais un peu peur d'aller voir un film français, d'un jeune réalisateur en vogue, sur Edith Piaf. Ô grandiose culture française! Comme nous aimons nous mirer en Toi! A voir les photos, j'étais intriguée, mais j'avais des haut-le-coeur en me rendant compte que ça m'évoquait un peu la guimauve sur fond d'accordéon et de carte postale parisiennne qu'était
Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Aimant pourtant beaucoup Marion Cotillard, et curieuse de voir comme elle se serait débrouillée, je me suis décidée à y aller. Chouette!, se disait la mégère en moi, je vais pouvoir encore m'énerver contre les louanges automatiquement distribuées aux actrices qui s'affublent de fausses dents, ou d'un faux nez (non Nicole, ne te vexe pas de la sorte voyons!).
Le noir se fait et à défaut de s'ouvrir directement sur l'enfance morveuse et chétive de Piaf et son cortège de violons, ces derniers sont bien présents mais au sens propre, derrière sa petite silhouette s'apprêtant à chanter
Heaven have mercy, et nous, on a déjà les larmes aux yeux. Mince!
S'ensuit un récit complètement décousu fait de différents sauts dans la vie de la chanteuse, dont la cohérence nous échappe un peu parfois. Entre ses différents amants, lieux de résidence, et divers concerts, mais on finit par s'y retrouver en fonction de sa coiffure et de son état de déchéance, pour s'apercevoir qu'après tout, ce n'est pas la cohérence temporelle qui importe dans ce film, mais celle de l'impact que les différents évènements de sa vie ont eu sur Edith Piaf. Ils ont frappé fort. Et nous, on a toujours les larmes aux yeux.
Puis il y a Marion Cotillard. Oui c'est elle, et il est vrai qu'il faut se le répéter
assez souvent dans le courant du film pour ne pas se mettre à avoir peur à force de croire voir la véritable Piaf jouer son rôle à l'écran. On ne reconnaît rien de l'actrice. Sous le maquillage, il reste des bouts d'elle, mais à l'intérieur, plus rien, tout est devenu Edith Piaf. Sa voix, ses yeux, des éléments qu'on pouvait croire impossible à transformer, elle les a amenés le plus près possible de ceux de son modèle. La démarche, l'attitude d'une vieille malade, les mains déformées par l'arthrite, rien ne lui a été impossible à recréer. Quand elle chante, c'est Edith que l'on entend, mais le regard, et le jeu de scène sont imités à la perfection. Pour la première fois, j'ai réellement eu la sensation de voir une actrice se faire oublier pour laisser la place à la femme qu'elle incarne. Et c'est une telle preuve de respect qu'on en a encore les larmes aux yeux!
On ressort finalement bouleversé de
La Môme, mais pas pour les raisons que l'on se serait imaginé: pendant les deux heures du film, Edith Piaf aura eu l'occasion de nous raconter sa vie à travers ses chansons, le corps de Marion Cotillard, et les yeux d'Olivier Dahan. Qui a dit que les fantômes n'existent pas?