vendredi, août 03, 2007

Questionnaire musical

Bon me voilà conviée par ma sister à répondre à un drôle de petit questionnaire, alors allons-y! Sympa comme principe, de plus! Ecoutez donc!

1. Allumez votre player de zique sans séléction au préalable et pressez le mode "aléatoire".
2. Appuyez sur "suivant" à chaque nouvelle question.
3. Utilisez le titre du morceau apparaissant comme réponse à la question, même si cela n'a pas de sens. PAS DE TRICHE!
4. Commentez ces réponses pour expliquer comment elles se relient à vos questions.
5. Une fois terminé, repassez le bébé à 4 de vos potes...



1. Comment vous sentez vous aujourd'hui?
"Slow and Low" The Beastie Boys
C'est amusant comme coïncidence, parce que "lente et lourde" (je traduirais ça comme ça), ça se rapproche de mon état pépère tranquille du moment. On se presse pas, et on assure son pas!

2. Irez vous loin dans la vie ?
"Folk Death 95" Mogwai
Je mourrai à 95 ans? Du moment que je régresse pas trop, moi ça me convient!

3. Comment vos amis vous voient ?
"I am a man of constant sorrow" The Soggy Bottom Boys
Bien joué! Je crois que tout le monde le voit aussi clairement que la colonne Trajan, le rapport! T_T

4. Vous marierez-vous ?
"Sentiments" Mano Solo
C'est déliceusement neutre et cliché, ça, comme connexion hasardeuse. Exactement comme la façon dont je vois le mariage : cliché.

5. Quel est le thème musical de votre meilleur ami ?
"With closed eyes" Shannon Wright
Une chanson puissante, mélancolique et que j'aime. Exactement Mélanie. Elle m'écoute et me fait confiance et me suit les yeux fermés. C'est beau.

6. Quelle est l'histoire de votre vie ?
"Girls" The Beastie Boys
Ceux qui aiment croire que je suis une lesbienne refoulée parce que mon film préféré est Mulholland Drive seraient ravis de ce fruit du hasard : "Girls!! All I really want is girls! 'cause in the morning it's girls! and in the evening it's girls!"

7. Comment sont les études supérieures ?
"Space Maker" Air
Ca aide à faire le vide autour de soi, oui : une fois qu'il les ont terminées, les amis partent loin.

8. Comment prenez vous de l'avant dans la vie ?
"Ikebana" Kevin Shields
Ah non. J'ai jamais essayé. C'est un message?

9. Quel est la meilleure chose au sujet de vos amis ?
"Mike Mills" Air
J'ai beau me creuser la tête, là... je sèche. Si! C'est ceux que je préfère. Comme ce morceau parmi toute l'oeuvre de Air.

10. Qu'il y a-t'il en magasin ce week-end?
"Au secours" Lofofora
Des étoiles déchues.

11. Pour décrire vos grand-parents ?
"Mrs Butterworth" Nirvana
C'est ma grand mère maternelle, surtout, qui aura marqué mon enfance et mon adolescence. J'avais beau l'aimer énormément, ce qui me tient au coeur, c'est cette phrase qu'elle a dit à ma soeur lorsqu'elle a su qu'elle voulait être vétérinaire à l'époque alors que je voulais être artiste : "Ben c'est parfait, ça! Comme ça ta soeur pourra venir t'emprunter de l'argent!" Je me suis demandée si je n'allais pas finir par aller me brader au marché aux puces, ce jour là. Quand on a treize ans et qu'on est un peu paumée, ça aide pas de se faire entendre ce genre de choses.

12. Comment va votre vie ?
"Botzaris" Mano Solo
Moi aussi je regarde l'amour de loin. Mais je n'y suis pas pour autant étrangère.

13. Quelle chanson pour votre enterrement?
"Saturday's gone" Isobel Campbell and Mark Lanegan
You’ve got trouble far behind you Well knows nothings’ made to last
C'est parfait pour mes funérailles, rien à redire.

14. Comment le monde vous voit ?
"Paper cup exit" Sonic Youth
Quelqu'un qui ne veut être esclave de rien et qui se sent perpétuellement en décalage.

15. Aurez vous une vie heureuse ?
"Out-Bloody-Rageous" The Soft Machine
Sanglante, rageuse, tout sauf trop calme, ouf! Ca me rassure!^^

16. Qu'est-ce que vos amis pensent vraiment de vous ?
"Amorino" Isobel Campbell
Cette envie qui fait vivre... Je suis un amour :-D

17. Est-ce que certains ont secrêtement envie de vous ?
"Bodies" The Smashing Pumpkins
On dirait même qu'ils se perdent en moi: Love is suicide

18. Comment puis-je me rendre heureux ?
"A Ribbon" Devendra Banhart
En me chantant une jolie petite chanson, oui!

19. Que devrais-je faire de ma vie ?
"(Do you wanna) Come walk with me?" Isobel Campbell and Mark Lanegan
Une jolie petite promenade, mais toujours accompagnée.

20. Aurez vous des enfants ?
"Evey Reborn" Dario Marianelli
Drôle de coïncidence.

21. Un strip-tease sur quelle chanson ?
"R U Still in 2 it?" Mogwai
Intimiste et langoureux comme il faut!

22. Si un homme dans un van vous offre un bonbon, vous faites quoi ?
"Plus belle qu'une poubelle" The Soft Machine
Ah oui! Pour l'occasion, je ferais un effort sur la toilette!

23. Que pense votre mère de vous ?
"Sysyphus : Part I" The Pink Floyd
Oui, Maman, je sais que parfois j'ai l'air de porter ma vie sur mes épaules mais si elle glisse parfois et que je retourne un peu sur mes pas, ça sera pas toujours comme ça non plus! Surtout pas pour l'éternité!

24. Quel est votre profond et sombre secret ?
"I don't like it like this" The Radio Dept.
Je ne suis pas souvent contente de moi, que ce soit concernant mon apparence, ce que je dis ou ce que je fais.

25. Quel est le theme musical de votre ennemi mortel ?
"Poor little rich boy" Regina Spektor
Tout à fait ça! Le parfait petit con qui se plaint la bouche pleine, snobinard et superficiel.

26. Votre personnalité ressemble à quoi ?
"Dedicated to you but you weren't listening" The Soft Machine
La bonne poire? Dévouée à ceux qu'elle aime et qui n'ont pas toujours l'air d'en faire grand cas... Non. Pas à ce point là. J'ai fait des progrès!

27. Quelle chanson pour votre mariage ?
"Terms and conditions apply" General Electrics
Tout est dans le titre, si je me marie un jour, ça sera pour raison administrative et purement pratique... Beuh... Pas romantique tout ça. Allez on essaie de terminer sur un note romantique?
"Everybody's gotta learn sometimes" Beck
Ben voilà!

Quatre personnes à qui passer le relais? Quatre personnes qui daignent donc venir passer un peu de temps par ici. Y'en a quatre vraiment? L'Autruche n'a plus de PC et laisse moisir son blog. Dad? Thankwee? Jenjan peut-être encore? Et parfois la Fée Clochette? Si ils sont d'accord, moi ça m'amuserait! Sinon, n'importe qui passe par là et a l'envie de le faire, du moment qu'il me prévient pour que je puisse aller voir ce que ça donne!

A bon entendeur...

jeudi, juillet 26, 2007

Coup de vieux

Aïe j'ai retrouvé mon vieux carnet avec mes vieux dessins... Ca a presque dix ans tout ça. Par contre ça m'amuse de voir comment ma façon de dessiner a changé: qu'est-ce que je peux appuyer sur le crayon désormais! Une chose pour laquelle je n'ai pas évolué d'un pouce.... les cheveux! On dirait une pub pour Ellnett. Enfin, pourquoi pas en montrer quelques uns après tout? J'en suis fière quand même! NA!



Humeur : enjouée et nostalgique
Bande son : Mogwai

dimanche, juillet 22, 2007

Why does my head hurt so?

Isobel Campbell a fait sont apparition sur la radio!

Double ballade

Pour ce, aimez tant que voudrez,
Suivez assemblées et fêtes,
En la fin ja mieux n'en vaudrez
Et n'y romperez que vos têtes ;
Folles amours font les gens bêtes :
Salmon en idolatria,
Samson en perdit ses lunettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !

Orpheüs le doux ménétrier,
Jouant de flûtes et musettes,
En fut en danger du meurtrier
Chien Cerbérus à quatre têtes ;
Et Narcissus, le bel honnêtes ,
En un parfond puits se noya
Pour l'amour de ses amourettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !

Sardana, le preux chevalier
Qui conquit le règne de Crètes,
En voulut devenir moulier
Et filer entre pucelettes ;
David le roi, sage prophètes,
Crainte de Dieu en oublia,
Voyant laver cuisses bien faites.
Bien heureux est qui rien n'y a !

Amon en vout déshonourer,
Feignant de manger tartelettes,
Sa soeur Thamar et déflourer,
Qui fut chose mout déshonnêtes ;
Hérode, pas ne sont sornettes,
Saint Jean-Baptiste en décola
Pour danses, sauts et chansonnettes.
Bien heureux est qui rien n'y a !

De moi, pauvre, je veuil parler :
J'en fus battu comme à ru teles,
Tout nu, ja ne le quiers celer.
Qui me fit mâcher ces groselles,
Fors Catherine de Vaucelles ?
Noël, le tiers, ait, qui fut la,
Mitaines à ces noces telles !
Bien heureux est qui rien n'y a !

Mais que ce jeune bacheler
Laissât ces jeunes bachelettes ?
Non ! et le dût-on brûler
Comme un chevaucheur d'écouvettes.
Plus douces lui sont que civettes ;
Mais toutefois fol s'y fia :
Soient blanches, soient brunettes,
Bien heureux est qui rien n'y a !

François VILLON, ex. Le Testament

Humeur: apaisée
Bande son: Isobel Campbell

samedi, juillet 21, 2007

C'est meuuuuugnoooon!



A Ribbon - Devendra Banhart
envoyé par Mumuse

Michel Gondry, il trouve toujours le moyen de me coller un sourire niais lorsque je suis devant ses clips: tableau pittoresque garanti lorsque la voix de mon Devendra Banhart me donne des frissons!

Humeur : presque complètement remontée
Bande son : Devendra Banhart, Joanna Newsom

jeudi, juillet 19, 2007

Jamais deux sans trois?

Pas de poésie dans ce post, mais juste un bon gros morceau de réalité qui frappe, et s'acharne un peu ces derniers temps. Fin d'année difficile, fatigante, je trouve la vie plutôt agressive ces derniers temps.

Prenons un monsieur de 57 ans qui s'avère être mon papa, qui depuis un an a envoyé près de 300 canditatures pour des postes qui, d'après son expérience correspondaient parfaitement à son profil, mais ne recevaient aucune réponse. Ca fragilise, de se dire que personne ne veut plus de vous. Et bien pourquoi ne pas en rajouter une couche en lui assénant des maux de ventre dûs finalement à un bon gros polype cancéreux qu'il a fallu enlever, évidemment. Ca donne deux jours de souffrance intense. Et voir son papounet comme ça, ça fait bizarre, lui qui n'est pas douillet. Ne reste plus qu'à connaître les résultats de l'analyse des ganglions prélevés autour de la tumeur pour savoir si le cancer s'étend, et si une chimiothérapie sera nécessaire...

Passons à ma cousine, 20 ans, élève émérite de l'école Boulle, première de sa promotion l'année dernière avec 18 de moyenne. Plus que prometteuse la puce, non? Et bien la voilà qui a la bonne idée de se mettre sur la trajectoire d'un scooter, d'aller valser sur la chaussée, de s'ouvrir l'arcarde, cuir chevelu fendu, et de se faire broyer la main, le majeur presque complètement détaché, le poignet très abîmé, 6 heures d'opération, pour passer une semaine à se demander si la main en question va être amputée ou non.

Qu'est-ce qu'on fait? On positive? Bon allez, on y va. Mon père souffre d'un cancer dont les chances de guérison sont actuellement de 86%, c'est engageant. Ma cousine vient de savoir qu'elle gardera sa main, que son doigt se resoude petit à petit, et qu'il n'y a de doutes que sur la mobilité dudit doigt. On limite les dégâts.

Dans tout ça, je pense tenter le brevet de stoïcienne prochainement, parce que connaissant ma tendance à l'hyperémotivité et à la dramatisation intense des évènements qui viennent peupler ma petite existence, j'aurais pu me prendre pour une héroïne de Racine. Au lieu de ça, je me contente de ne pas réussir à évaluer correctement la gravité des évènements, manquant de recul vis à vis de ce qui me paraît être accumulation de problèmes, n'étant finalement qu'une succession de deux évènements qui prennent simplement une place énorme dans mon planning sentimental.

En bref, la cartographie de mon émotivité est assez floue, je ne sais pas dire comment je vais, mais l'essentiel c'est d'aller, non? Je n'aime pas les posts débordants de Vraie Vie de ce genre, mais je vais le laisser quand même, c'est sorti comme c'est venu.

Humeur : aucune idée
Bande son : I love UFO

mercredi, juillet 18, 2007

Chauffer dans la noirceur

Entre deux averses, pourquoi ne pas glisser une petite vidéo d' I love UFO, groupe que j'ai eu l'occasion de découvrir ce week end au festival Chauffer dans la noirceur.

Enjoy!


Humeur : sur pente glissante, mais ça remonte tout de même
Bande son : Björk, Matching Mole, The Big Lebowski (B.O)


samedi, juillet 07, 2007

Oh yeah!

Je me shoote à Willy DeVille depuis que j'ai vu Death Proof... pardon... Boulevard de la mort, alors ben je vais vous en donner gratuitement! D'abord! Faut juste lancer les oreilles!

PS - Ca aide à faire ingurgiter les mauvaises nouvelles... cf. histoire personnelle pas facile à avaler en ce moment... On en reparle... peut-être.

Humeur: complètement déboussolée
Bande son: Black Sabbath, Buffalo Springfield

dimanche, juin 24, 2007

Et on s'y remet!

Salutaire pause d'un mois qui vous aura sans doute évité d'incessantes plaintes à propos des gamins, de mes supérieurs, des gamins, des petits ennuis de tous les jours, des gamins, de la politique, des gamins, de l'hypocrisie ambiante, et des gamins, des gens qui s'en vont...

Des gamins...

Encore les gamins parce que la fin de l'année, c'est le quatre juillet. Alors en attendant on fait ce qu'on peut pour se détendre en lisant, et en faisant une overdose de films, de promenades, de sorties diverses et variées...

C'est ainsi que j'ai eu le plaisir de voir Boulevard de la mort, jolie sucrerie acidulée, joussive par endroits, ennuyeuse cependant lorsqu'il s'agit de se taper des conversations interminables pour que l'on comprenne que les héroïnes sont des filles libérées assumant leur futil... pardon, féminité. Les féministes pourraient effectivement être ravies si elles sont toutes comme Virginie Despentes, qui nous a quand même commis Baise-moi sur le même principe: des pétasses baiseuses et violentes. Bon ok, elles avaient peut-être un peu plus de conversation. Quoi que... N'en reste pas moins que l'image est tellement belle, la musique toujours si parfaitement choisie et les scènes d'action tellement bien réalisées, qu'il vaut le coup.

C.R.A.Z.Y, sorti il y a un petit moment pourtant, aura été une bonne surprise pendant ses trois premiers quarts, pour se ratatiner sur son symbolisme chrétien mêlé de bon-sentimentalisme niaiseux pour le bouquet final d'émotions larmoyantes. Dommage pourtant, car la mise en scène était très habile, la BO superbe, les acteurs pour certains excellents, et l'accent... ben canadien!

J'attends à nouveau de me remplir de mon enthousiasme habituel, parce que j'avoue que le stress de cette fin d'année m'use les nerfs et m'enferme dans un mutisme assez angoissant parfois. Alors je me laisse le temps de me recharger un peu, et tout devrait repartir d'ici là. Du moins, je l'espère.

Humeur: si quelqu'un pouvait se munir d'une petite cuillère et m'aider à me ramasser, s'il vous plait, ça serait sympa!
Bande son: Patti Smith

mercredi, juin 06, 2007

Vivement Samedi!



Voilà ma sortie de Samedi soir. Ca fait depuis Spiderman 3 que je n'ai pas mis les pieds au cinéma, et là je sens que ça va être de l'ordre du grandiose.

mardi, juin 05, 2007

Ah ben voilà!

Depuis que je connais ce morceau de Mogwai, et que j'en écoute toujours les paroles avec curiosité, je me pose régulièrement la question: "mais c'est qui ce mec?"

Ben maintenant, j'ai la réponse!



Mogwai - Punk Rock

lundi, juin 04, 2007

Abandon



Humeur: triste ; tout le monde s'en va et moi je reste
Bande son: Nine Inch Nails

dimanche, juin 03, 2007

White Rabbit


One pill makes you larger
And one pill makes you small
And the ones that mother gives you
Don't do anything at all
Go ask Alice
When she's ten feet tall

And if you go chasing rabbits
And you know you're going to fall
Tell 'em a hookah smoking caterpillar
Has given you the call
Call Alice
When she was just small

When men on the chessboard
Get up and tell you where to go
And you've just had some kind of mushroom
And your mind is moving low
Go ask Alice
I think she'll know

When logic and proportion
Have fallen sloppy dead
And the White Knight is talking backwards
And the Red Queen's "off with her head!"
Remember what the dormouse said:
"Feed your head
Feed your head
Feed your head"


Jefferson Airplane - White Rabbit (voir les oreilles ^^)

Encore trois nouveaux morceaux sur la radio en plus de ça, de The Cure, Silencio et Exsonvaldes.

Over !

jeudi, mai 31, 2007

Bouleversement radiophonique

Quand le moral fait des siennes, et ben on change. On prend par les cornes toutes ces mélopées qu'on a dans la tête, et PAF! on les pose ici pour partager avec ceux que ça intéresse. Et pis même que si c'est personne, j'en n'ai rien à faire! Na!

On retrouve donc ici : Air, Gong, King Crimson, Mogwai, The Beastie Boys, la Chee Chee Girl (Rose Murphy), Pain of Salvation, Andrew Bird, ou encore la BO d' O'Brother.

Humeur: a va mieux
Bande son: tout ce qui me tombe sous la main qui ne soit pas trop déprimant

mercredi, mai 30, 2007

La déchirure

Elle me plaque au mur de ma froideur, elle m'étrangle, elle me laisse exsangue, cette menace aux yeux noirs; l'ineluctabilité du révolu, la tristesse de l'oubli, et l'inévitable éloignement des corps qui m'entourent. Elle a levé son bras, et l'abat sur moi avec la force des ces milliers de personnes qui m'ont laissée derrière. Qui ne se sont plus retournées, me laissant dans la faim de la douceur qu'elles m'avaient accordée à travers leurs yeux éveillés.

Ma tête saigne, s'écroule, et en sort alors la colère qui résulte du coup fatal qui m'est porté. On est voué à rien, on est prêt à tout, mais on ne s'en remet jamais. Toujours viendront les sirènes de la fraternité, de l'amitié, qui finalement nous rapprochent pour que l'on ressente plus brutalement le déchirement de l'absence. La déchirure de la séparation, la vie qui titille et attise la chaleur de nos cicatrices, pourtant chaque fois désinfectées.

Et je goûte, à terre, la saveur de l'amitié placée en nos mains pour mieux nous faire goûter l'amertume de notre solitude. Nous sommes un, nous sommes uniques, et c'est parfois un lourd fardeau à porter.

Humeur: nostalgique
Bande son: Skunk Anansie

mardi, mai 29, 2007

J'ai un oeil sur vous!

Ca me manquait, je l'ai enfin fait! Trois jours de festival, tout plein de musique dans les oreilles, des gens de tous côtés, et de la boue tout partout! On patauge, on glisse, on met le pied dans la boue, on manque de perdre sa chaussure, mais qu'est-ce qu'on se marre!

Et on rentre donc la tête pleine de bons souvenirs, qu'on a envie de partager un peu... Cependant, plutôt fatiguée, et avare de mes trésors de surcroît (ouais, na!), je ne laisserai que ces quelques photos, parce que cette fois, j'ai pensé à mon appareil, et qu'en plus, ça sait prendre des photos, les autruches, aussi!



jeudi, mai 17, 2007

Petits nouveaux!



J'ai à nouveau rasé la radio pour y laisser se développer un univers presque entièrement instrumental! Plusieurs de mes morceaux préférés de: Boards of Canada, Folk Implosion, Mogwai, Explosions in the sky, Nine Inch Nails, et The Beastie Boys! D'autres viendront s'ajouter sans doute.

Humeur: en convalescence
Bande son: Kids (BO)

mercredi, mai 16, 2007

The Raven - Edgar Poe


Once upon a midnight dreary, while I pondered weak and weary,
Over many a quaint and curious volume of forgotten lore,
While I nodded, nearly napping, suddenly there came a tapping,
As of some one gently rapping, rapping at my chamber door.
`'Tis some visitor,' I muttered, `tapping at my chamber door -
Only this, and nothing more.'

Ah, distinctly I remember it was in the bleak December,
And each separate dying ember wrought its ghost upon the floor.
Eagerly I wished the morrow; - vainly I had sought to borrow
From my books surcease of sorrow - sorrow for the lost Lenore -
For the rare and radiant maiden whom the angels named Lenore -
Nameless here for evermore.

And the silken sad uncertain rustling of each purple curtain
Thrilled me - filled me with fantastic terrors never felt before;
So that now, to still the beating of my heart, I stood repeating
`'Tis some visitor entreating entrance at my chamber door -
Some late visitor entreating entrance at my chamber door; -
This it is, and nothing more,'

Presently my soul grew stronger; hesitating then no longer,
`Sir,' said I, `or Madam, truly your forgiveness I implore;
But the fact is I was napping, and so gently you came rapping,
And so faintly you came tapping, tapping at my chamber door,
That I scarce was sure I heard you' - here I opened wide the door; -
Darkness there, and nothing more.

Deep into that darkness peering, long I stood there wondering, fearing,
Doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before
But the silence was unbroken, and the darkness gave no token,
And the only word there spoken was the whispered word, `Lenore!'
This I whispered, and an echo murmured back the word, `Lenore!'
Merely this and nothing more.

Back into the chamber turning, all my soul within me burning,
Soon again I heard a tapping somewhat louder than before.
`Surely,' said I, `surely that is something at my window lattice;
Let me see then, what thereat is, and this mystery explore -
Let my heart be still a moment and this mystery explore; -
'Tis the wind and nothing more!'

Open here I flung the shutter, when, with many a flirt and flutter,
In there stepped a stately raven of the saintly days of yore.
Not the least obeisance made he; not a minute stopped or stayed he;
But, with mien of lord or lady, perched above my chamber door -
Perched upon a bust of Pallas just above my chamber door -
Perched, and sat, and nothing more.

Then this ebony bird beguiling my sad fancy into smiling,
By the grave and stern decorum of the countenance it wore,
`Though thy crest be shorn and shaven, thou,' I said, `art sure no craven.
Ghastly grim and ancient raven wandering from the nightly shore -
Tell me what thy lordly name is on the Night's Plutonian shore!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

Much I marvelled this ungainly fowl to hear discourse so plainly,
Though its answer little meaning - little relevancy bore;
For we cannot help agreeing that no living human being
Ever yet was blessed with seeing bird above his chamber door -
Bird or beast above the sculptured bust above his chamber door,
With such name as `Nevermore.'

But the raven, sitting lonely on the placid bust, spoke only,
That one word, as if his soul in that one word he did outpour.
Nothing further then he uttered - not a feather then he fluttered -
Till I scarcely more than muttered `Other friends have flown before -
On the morrow will he leave me, as my hopes have flown before.'
Then the bird said, `Nevermore.'

Startled at the stillness broken by reply so aptly spoken,
`Doubtless,' said I, `what it utters is its only stock and store,
Caught from some unhappy master whom unmerciful disaster
Followed fast and followed faster till his songs one burden bore -
Till the dirges of his hope that melancholy burden bore
Of "Never-nevermore."'

But the raven still beguiling all my sad soul into smiling,
Straight I wheeled a cushioned seat in front of bird and bust and door;
Then, upon the velvet sinking, I betook myself to linking
Fancy unto fancy, thinking what this ominous bird of yore -
What this grim, ungainly, gaunt, and ominous bird of yore
Meant in croaking `Nevermore.'

This I sat engaged in guessing, but no syllable expressing
To the fowl whose fiery eyes now burned into my bosom's core;
This and more I sat divining, with my head at ease reclining
On the cushion's velvet lining that the lamp-light gloated o'er,
But whose velvet violet lining with the lamp-light gloating o'er,
She shall press, ah, nevermore!

Then, methought, the air grew denser, perfumed from an unseen censer
Swung by Seraphim whose foot-falls tinkled on the tufted floor.
`Wretch,' I cried, `thy God hath lent thee - by these angels he has sent thee
Respite - respite and nepenthe from thy memories of Lenore!
Quaff, oh quaff this kind nepenthe, and forget this lost Lenore!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

`Prophet!' said I, `thing of evil! - prophet still, if bird or devil! -
Whether tempter sent, or whether tempest tossed thee here ashore,
Desolate yet all undaunted, on this desert land enchanted -
On this home by horror haunted - tell me truly, I implore -
Is there - is there balm in Gilead? - tell me - tell me, I implore!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

`Prophet!' said I, `thing of evil! - prophet still, if bird or devil!
By that Heaven that bends above us - by that God we both adore -
Tell this soul with sorrow laden if, within the distant Aidenn,
It shall clasp a sainted maiden whom the angels named Lenore -
Clasp a rare and radiant maiden, whom the angels named Lenore?'
Quoth the raven, `Nevermore.'

`Be that word our sign of parting, bird or fiend!' I shrieked upstarting -
`Get thee back into the tempest and the Night's Plutonian shore!
Leave no black plume as a token of that lie thy soul hath spoken!
Leave my loneliness unbroken! - quit the bust above my door!
Take thy beak from out my heart, and take thy form from off my door!'
Quoth the raven, `Nevermore.'

And the raven, never flitting, still is sitting, still is sitting
On the pallid bust of Pallas just above my chamber door;
And his eyes have all the seeming of a demon's that is dreaming,
And the lamp-light o'er him streaming throws his shadow on the floor;
And my soul from out that shadow that lies floating on the floor
Shall be lifted - nevermore!


... Traduction de Charles Baudelaire ...


Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. « C’est quelque visiteur, - murmurai-je, - qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela et rien de plus. »

Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, - et qu’ici on ne nommera jamais plus.

Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ; si bien qu’enfin pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant : « C’est quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; - c’est cela même, et rien de plus. »

Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, dis-je, ou madame, en vérité, j’implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre, qu’à peine étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j’ouvris la porte toute grande ; - les ténèbres, et rien de plus.

Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! » -
C’était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! » Purement cela, et rien de plus.
Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j’entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. « Sûrement, - dis-je, - sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; - c’est le vent, et rien de plus. »

Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ; mais avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; - il se percha, s’installa, et rien de plus.

Alors, cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n’eût pas une bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d’un nom tel que - Jamais plus !

Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, - jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. » L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »

Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos : Sans doute, - dis-je, - ce qu’il prononce est tout son bagage de savoir, qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que ses chansons n’eussent plus qu’un seul refrain, jusqu’à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain : « Jamais - jamais plus ! »

Mais le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; alors, m’enfonçant dans le velours, je m’appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son - Jamais plus !

Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe à l’oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur : je cherchai à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l’aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, - ah ! jamais plus !

Alors, il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient les séraphins dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre. « Infortuné ! - m’écriai-je, - ton Dieu t’a donné par ses anges, il t’a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! - dis-je, - être de malheur ! oiseau ou démon ! mais toujours prophète ! que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l’Horreur hanté, - dis-moi sincèrement, je t’en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! - dis-je, - être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète ! par ce ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! - hurlai-je en me redressant. - Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, - jamais plus !

UNE fois, par un minuit lugubre, tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bigarre volume de savoir oublié - tandis que je dodelinais la tête, somnolant presque : soudain se fit un heurt, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre - cela seul et rien de plus.

Ah ! distinctement je me souviens que c’était en le glacial Décembre : et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour - vainement j’avais cherché d’emprunter à mes livres un sursis au chagrin - au chagrin de la Lénore perdue - de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore : - de nom pour elle ici, non, jamais plus !

Et de la soie l’incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural me traversait - m’emplissait de fantastiques terreurs pas senties encore : si bien que, pour calmer le battement de mon cceur, je demeurais maintenant à répéter « C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée, à la porte de ma chambre - quelque visiteur qui sollicite l’entrée, à la porte de ma chambre ; c’est cela et rien de plus. »

Mon âme devint subitement plus forte et, n’hésitant davantage « Monsieur, dis-je, ou Madame, j’implore véritablement votre pardon ; mais le fait est que je somnolais et vous vîntes si doucement frapper, et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre, que j’étais à peine sûr de vous avoir entendu. » - Ici j’ouvris, grande, la porte : les ténèbres et rien de plus.

Loin dans l’ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m’étonner et craindre, à rêver des rêves qu’aucun mortel n’avait osé rêver encore ; mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe : et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté « Lénore ! » Je le chuchotai - et un écho murmura de retour le mot « Lénore ! » - purement cela et rien de plus.

Rentrant dans la chambre, toute mon âme en feu, j’entendis bientôt un heurt en quelque sorte plus fort qu’auparavant, et, sûrement, dis-je, sûrement c’est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc ce qu’il y a et explorons ce mystère - que mon cœur se calme un moment et explore ce mystère ; c’est le vent et rien de plus.

Au large je poussai le volet ; quand, avec maints enjouement et agitation d’ailes, entra un majestueux Corbeau des saints jours de jadis. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta ni n’hésita un instant : mais, avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de ma chambre - se percha sur un buste de Pallas - juste au-dessus de la porte de ma chambre - se percha, siégea et rien de plus.

Alors cet oiseau d’ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu’il eut : « Quoique ta crête soit chue et rase, non ! dis-je, tu n’es pas pour sûr un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit - dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit. » Le Corbeau dit : « Jamais plus. »

Je m’émerveillai fort d’entendre ce disgracieux volatile s’énoncer aussi clairement, quoique sa réponse n’eût que peu de sens et peu d’à propos ; car on ne peut s’empêcher de convenir que nul homme vivant n’eut encore l’heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre - un oiseau ou toute autre bête sur le buste sculpté, au-dessus de la porte de sa chambre, avec un nom tel que : « Jamais plus. »

Mais le Corbeau, perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si, son âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai donc rien de plus : il n’agita donc pas de plume - jusqu’à ce que je fis à peine davantage que marmotter « D’autres amis déjà ont pris leur vol - demain il me laissera comme mes Espérances déjà ont pris leur vol. » Alors l’oiseau dit : « Jamais plus. »

Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée : « Sans doute, dis-je, ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu’à ce que ses chansons comportassent un unique refrain ; jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de « Jamais - jamais plus. »

Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste dans le velours, je me pris à enchaîner songerie à cela, je m’assis occupé à le conjecturer, mais n’adressant pas une syllabe à l’oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon sein ; cela et plus encore, je m’assis pour le deviner, ma tête reposant à l’aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière de la lampe, housse violette de velours dévoré par la lumière de la lampe qu’Elle ne pressera plus, ah ! jamais plus.

L’air, me sembla-t-il, devint alors plus dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans sa chute, tintait sur l’étoffe du parquet. « Misérable, m’écriai-je, ton Dieu t’a prêté - il t’a envoyé, par ces anges, le répit - le répit et le népenthès dans ta mémoire de Lénore ! Bois ! oh ! bois ce bon népenthès et oublie cette Lénore perdue ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète, dis-je, être de malheur ! prophète, oui, oiseau ou démon ! Que si le Tentateur t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords, désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée - vers ce logis par l’horreur hanté : dis-moi véritablement, je t’implore ! y a-t-il du baume en Judée ? - dis-moi, je t’implore. » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète, dis je, être de malheur ! prophète, oui, oiseau ou démon ! Par les Cieux sur nous épars - et le Dieu que nous adorons tous deux - dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Eden, elle doit embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore - embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore. » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin esprit, » hurlai-je, en me dressant. « Recule en la tempête et le rivage plutonien de Nuit ! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage du mensonge qu’a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon ! quitte le buste au-dessus de ma porte ! ôte ton bec de mon cœur et jette ta forme loin de ma porte ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le Corbeau, sans voleter, siége encore - siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s’élèvera - jamais plus !


... Traduction de Stéphane Mallarmé ...


UNE fois, par un minuit lugubre, tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bigarre volume de savoir oublié - tandis que je dodelinais la tête, somnolant presque : soudain se fit un heurt, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre - cela seul et rien de plus.

Ah ! distinctement je me souviens que c’était en le glacial Décembre : et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour - vainement j’avais cherché d’emprunter à mes livres un sursis au chagrin - au chagrin de la Lénore perdue - de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore : - de nom pour elle ici, non, jamais plus !

Et de la soie l’incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural me traversait - m’emplissait de fantastiques terreurs pas senties encore : si bien que, pour calmer le battement de mon cceur, je demeurais maintenant à répéter « C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée, à la porte de ma chambre - quelque visiteur qui sollicite l’entrée, à la porte de ma chambre ; c’est cela et rien de plus. »

Mon âme devint subitement plus forte et, n’hésitant davantage « Monsieur, dis-je, ou Madame, j’implore véritablement votre pardon ; mais le fait est que je somnolais et vous vîntes si doucement frapper, et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre, que j’étais à peine sûr de vous avoir entendu. » - Ici j’ouvris, grande, la porte : les ténèbres et rien de plus.

Loin dans l’ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m’étonner et craindre, à rêver des rêves qu’aucun mortel n’avait osé rêver encore ; mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe : et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté « Lénore ! » Je le chuchotai - et un écho murmura de retour le mot « Lénore ! » - purement cela et rien de plus.

Rentrant dans la chambre, toute mon âme en feu, j’entendis bientôt un heurt en quelque sorte plus fort qu’auparavant, et, sûrement, dis-je, sûrement c’est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc ce qu’il y a et explorons ce mystère - que mon cœur se calme un moment et explore ce mystère ; c’est le vent et rien de plus.

Au large je poussai le volet ; quand, avec maints enjouement et agitation d’ailes, entra un majestueux Corbeau des saints jours de jadis. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta ni n’hésita un instant : mais, avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de ma chambre - se percha sur un buste de Pallas - juste au-dessus de la porte de ma chambre - se percha, siégea et rien de plus.

Alors cet oiseau d’ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu’il eut : « Quoique ta crête soit chue et rase, non ! dis-je, tu n’es pas pour sûr un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit - dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit. » Le Corbeau dit : « Jamais plus. »

Je m’émerveillai fort d’entendre ce disgracieux volatile s’énoncer aussi clairement, quoique sa réponse n’eût que peu de sens et peu d’à propos ; car on ne peut s’empêcher de convenir que nul homme vivant n’eut encore l’heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre - un oiseau ou toute autre bête sur le buste sculpté, au-dessus de la porte de sa chambre, avec un nom tel que : « Jamais plus. »

Mais le Corbeau, perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si, son âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai donc rien de plus : il n’agita donc pas de plume - jusqu’à ce que je fis à peine davantage que marmotter « D’autres amis déjà ont pris leur vol - demain il me laissera comme mes Espérances déjà ont pris leur vol. » Alors l’oiseau dit : « Jamais plus. »

Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée : « Sans doute, dis-je, ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu’à ce que ses chansons comportassent un unique refrain ; jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de « Jamais - jamais plus. »

Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste dans le velours, je me pris à enchaîner songerie à cela, je m’assis occupé à le conjecturer, mais n’adressant pas une syllabe à l’oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon sein ; cela et plus encore, je m’assis pour le deviner, ma tête reposant à l’aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière de la lampe, housse violette de velours dévoré par la lumière de la lampe qu’Elle ne pressera plus, ah ! jamais plus.

L’air, me sembla-t-il, devint alors plus dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans sa chute, tintait sur l’étoffe du parquet. « Misérable, m’écriai-je, ton Dieu t’a prêté - il t’a envoyé, par ces anges, le répit - le répit et le népenthès dans ta mémoire de Lénore ! Bois ! oh ! bois ce bon népenthès et oublie cette Lénore perdue ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète, dis-je, être de malheur ! prophète, oui, oiseau ou démon ! Que si le Tentateur t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords, désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée - vers ce logis par l’horreur hanté : dis-moi véritablement, je t’implore ! y a-t-il du baume en Judée ? - dis-moi, je t’implore. » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète, dis je, être de malheur ! prophète, oui, oiseau ou démon ! Par les Cieux sur nous épars - et le Dieu que nous adorons tous deux - dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Eden, elle doit embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore - embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore. » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin esprit, » hurlai-je, en me dressant. « Recule en la tempête et le rivage plutonien de Nuit ! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage du mensonge qu’a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon ! quitte le buste au-dessus de ma porte ! ôte ton bec de mon cœur et jette ta forme loin de ma porte ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le Corbeau, sans voleter, siége encore - siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s’élèvera - jamais plus !

Illustration d'Edouard Manet

Humeur: rhino-pharyngitée
Bande son: Pain of salvation, Kids (B.O)

lundi, mai 14, 2007

L'énigme Mallarmé

Je termine actuellement Ô Verlaine de l'excellent Jean Teulé. Et c'est avec plaisir que j'ai découvert un chapitre exprimant à la perfection ce que je ressens face à certaines oeuvres de Mallarmé. Alors pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable en mettant ici ce fameux extrait?


Stéphane Mallarmé habitait au 89 de l'inquiétante rue de Rome près de la gare Saint-Lazare. Au quatrième étage, il occupait, avec sa femme et sa fille, un modeste appartement souvent retentissant du sifflement des locomotives qui s'engouffraient dans le tunnel des Batignolles. Il ouvrit sa porte:
- Tiens? Bonjour Cazals.
Frédéric-Auguste fit les présentations : " Henri-Albert Cornuty, un ami de ... "
- Ah, c'est vous... , sourit l'auteur de l'Après-midi d'un faune. La chair est triste, hélas ! et j'ai mangé tous les Verlaine...
Henri-Albert ne comprit rien du tout.
Stéphane Mallarmé le regarda de ses yeux doux. Un bon visage de monsieur avec de grandes oreilles. Une chevelure sage et crantée, des moustaches et une barbiche. Cravate en soie noire nouée au col de sa chemise blanche sous une veste épaisse. Et aux épaules, une écharpe, pliée en deux, jetée artistement : " Entrez. " Henri-Albert se sentit mal à l'aise et gauche face à ce poète aux allures de professeur qui l'observait attentivement.
Pourtant Mallarmé était délicieux. Poli, courtois, élégant, un peu merveilleux... cherchant toujours à mettre les autres en valeur. Mais souvent ses propos étaient obscurs et très énigmatiques. Il avait de ces singulières expressions à trois bandes quasi impossibles à décrypter. Dans son petit salon, où des poètes assis dans des fauteuils buvaient du thé et acquiescaient, il employait des mots comme : sylphe, nonchaloir, mandore, complies, lampadophore, hoir, auxquels Henri-Albert ne comprit rien. Et ça l'énerva tandis que Mallarmé lui tendait un bocal de bonbons :
- Ainsi donc, c'est vous le fervent petit admirateur du néphélobate?
Cornuty leva un sourcil, se demandant si c'était une vanne.
- Ca veut dire "celui qui marche sur les nuées", lui souffla Cazals à l'oreille.
- Alors pourquoi il ne le dit pas ? grommela Henri-Albert.
Ce n'était pas un soir où il fallait le gonfler, le petit tueur des abattoirs de la Villette qui scrutait partout l'appartement. Il n'était pas d'humeur. Lui, tout ce qu'il voulait savoir, c'est où était Verlaine :
- Il est où Verlaine?
Mallarmé répondit:
- Verlaine? Mais il est caché parmi l'herbe, Verlaine.
Alors là, c'était sûr, l'autre, à tête de professeur, se foutait de sa gueule ! Cornuty hésita entre choper les assiettes d'étain sur le buffet pour lui détruire le cervelet ou se jeter sur lui pour le passer par la fenêtre de son quatrième étage. Cazals l'arrêta : "Calme-toi. Je crois qu'il a dit un compliment..."
- Ah bon ?
- Ca doit vouloit exprimer que la poésie de Paul est subtilement dissimulée dans le quotidien des choses... dans le tremblement d'un verre d'eau, dans la buée à une fenêtre...
" Alors pourquoi il ne le dit pas ? ! " fit Henri-Albert, quittant l'appartement sans saluer personne.