dimanche, février 18, 2007

Inland Empire

Inland Empire est mon petit évènement personnel. Depuis six ans que David Lynch nous couvait quelque chose, le voilà qui accouche d'un nouveau machin bizarre à consommer avec plus ou moins de modération. Le truc, c'est que moi j'adore faire des overdoses de ces gourmandises là. J'avais cependant un peu peur d'être déçue après avoir entendu certains dire que ce dernier film était une bouillie inassimilable pour l'esprit, suite sans logique de scènes plurivoques. Je m'attendais à manger du David Lynch en crise de mysticisme et de philosophie de l'absurde caricaturale, sur le bord du précipice desquels il aime parfois se promener dangereusement.

Et bien j'ai cru avoir raison lorsque, malgré une introduction tonitruante à vous en mettre des frissons qui a eu le mérite de faire sursauter la salle en choeur dès le générique (voir par ici), une vieille femme vient expliquer à sa voisine qu'hier c'est en réalité demain pour ensuite lui raconter d'énigmatiques histoires de petits garçons et petites filles perdus sur des places de marché, engendrant la naissance du mal. Voilà donc un homme qui va droit au but! Nous balancer ce genre d'absurdités d'entrée de jeu, c'est risqué. Mais comme j'aime me laisser envelopper par ce qu'on me donne à voir, surtout quand c'est excellemment filmé et très bien joué, je me suis laissée happer par l'histoire de l'actrice tentée par une aventure avec sa co-star sur le tournage d'un film maudit. Et malgré les petites absurdités parsemées à chaque coin du récit, on déniche un semblant de fil conducteur qui pique notre intérêt: la confusion d'une actrice entre son histoire personnelle et celle de son personnage jusqu'à ne plus savoir si elle est en train de jouer ou si ce qui lui arrive est bien réel. Inutile de dire que Lynch n'aide pas le spectateur à s'y retrouver non plus, bien au contraire! Ajoutez à tout cela des images intrigantes et un son comme toujours irréprochable, et ça y est! Vous êtes défintivement happé dans le film! Et c'est toujours là que Monsieur Lynch, taquin comme pas deux, choisit toujours le moment où notre raison abdique pour laisser la place à une sensibilité à fleur de peau pour filmer les images les plus gênantes et les plus terrifiantes, de celles qui, bien que toutes simples, font appel à nos angoisses les plus refoulées. On aurait presque envie de regarder sous son siège pour voir si ce maudit monstre qu'on croyait toujours caché sous notre lit quand on était petit n'avait pas choisi ce moment particulier pour se glisser sous notre siège et nous attraper les chevilles brutalement afin de nous prouver que ben si!, il existe vraiment!

Effectivement, on ne comprend rien à Inland Empire. Et effectivement, encore, David Lynch nous assure lui même qu'il n'y a rien de particulier à comprendre. Mais c'est avec un petit éclair de malice au coin de l'oeil que le pauvre réalisateur serine toujours la même chose à des journalistes sans grande imagination. Parce que tout le monde semble attendre d'un film qu'il raconte une histoire qui nous tomberait toute cuite dans le bec, au vu des hurlement indignés qui déjà faisaient suite à la sortie de films comme Lost Highway ou Mulholland Drive. Mais cependant, l'homme était assez prudent pour laisser une trame interprétative pour que les fans les plus intellos et prétentieux puissent échaffauder des tonnes de théories plus tirées par les cheveux les unes que les autres, afin qu'ils se tiennent tranquilles. C'est TRES difficile à faire avec Inland Empire. Alors l'idée à la mode en ce moment, même chez certains fans de David Lynch, c'est que ce dernier se moquerait de son public ouvertement. Mais non! Toujours le réalisateur a affiché sa position clairement dans d'innombrables interview qui, de toute façon, sont toutes les mêmes: il n'y a pas de sens particulier à ses films, pas un qui soit primordial sur les autres, au contraire, ils sont faits pour être livrés en pâture à l'imagination de chacun. Il y a autant de films de David Lynch qu'il y a de spectateurs, tous sont ses co-auteurs. Et une telle preuve de confiance serait se moquer de son public?

C'est ainsi que je suis fière d'avoir participé à l'élaboration de ce film superbe, et que je demanderai à Môsieur Lynch de ne pas mettre autant de temps avant de nous en soumettre un autre! Et d'arrêter de fumer comme un pompier car j'aimerais pouvoir être dans l'attente de ses films pendant encore un bon moment!

11 commentaires:

DAD a dit…

Remontée comme une pendule à treize coups,la p'tite...

Anthä a dit…

Oui! Et ça me fait écrire en plus de ça! J'adooooore me plaindre! Gnarf!

saraquarelle a dit…

Et "critique", comme métier ? Non ?

Anthä a dit…

Ben j'y ai pensé plus d'une fois, mais mes petites critiques d'internaute ne sont pas les enculages de mouches des "professionnels"... Enfin, on sait jamais, hein?

Anonyme a dit…

elle va se magner d'écrire un article que je puisse lire la démocrate !

Anthä a dit…

Pourquoi il m'appelle la démocrate? Moi qui ai une sainte horreur de la politique!

Anonyme a dit…

Ah bein tu vois, si je t'ai collé cet adjectif, c'était prémédité, en fait, les politiques remplace une reponse attendue par une question saugrenue.
Na!

Anonyme a dit…

si j'ai pas le mouv de bloger mais si carte poste-je c'est koi l'adresse

Anonyme a dit…

Et la semaine prochaine, notre leçon de Polonais.

DAD a dit…

Autruche moqueuse, tu n'as aucune pitié pour les étrangers,mais tu me fais bien marrer quand même...
Djinkouillé barzô! (merci, en polonais)

Anthä a dit…

Mon cher Anonyme, tu avais peut-être le mérite d'écrire de belles ballades ou de joli morceaux au long des siècles précédents (tout est relatif, mais cette niaiserie de "Greensleeves" fait toujours un tabac dans les mariages, et c'est de notre cher Anonyme!), mais je trouve qu'à l'heure actuelle, tu as plutôt perdu. Je sais bien que la déconstruction phrastique (CAPES fever, yeah baby!!) est à la mode chez les auteurs d'aujourd'hui, mais là... l'a pas compris!