mercredi, octobre 11, 2006

Fais pas ça, p'tit con!

Je suis professeur aspirant. Non pas qu'il s'agisse d'une nouvelle catégorie de personnel au sein de l'éducation nationale: un professeur qui, non seulement remplace ses collègues lorsqu'ils ne sont pas là - on ne se lancera pas à nouveau dans la polémique - mais en plus nettoie les classes lorsque ses élèves en sont partis; un professeur, après tout c'est bien connu, a tellement de mal à occuper la totalité de son temps de travail! Non, j'aspire simplement à devenir prof de français. Si, je pense qu'il y en a besoin, bien que ce soit notre langue maternelle! Les élèves ont de ces arguments pour ne pas faire leur travail!

Comment concilier le travail que nécessite l'obtention du CAPES, et l'irrépressible besoin d'argent qu'impliquent nos vies de consommateurs effreinés? On devient Assistant d'Education. Travailler au contact des jeunes collégiens, se familiariser avec leur vie au sein de l'établissement, découvrir leur univers... Tout en côtoyant nos futurs collègues et l'équipe soudée qui anime toute cette petite ville dans la ville! On arrive hautement enthousiastes! Quel meilleur entraînement pour exercer son autorité que le métier d'Assistant d'Education?!

Une ville dans la ville, et que sommes nous en réalité? On savait que ce ne serait pas facile, mais on ne pensait pas que la portée aux nues de l'insolence, médiatisée et clairement encouragée, aurait fait autant d'adeptes (cf. Michaël Youn et consorts, pour ne citer qu'eux, la liste serait trop longue). Symboles de l'autorité? Lorsque la plupart de vos collègues acceptent le tutoiement, la frontière entre "adultes de l'établissement" et copains est assez floue. Si vous vous y perdez, que dire des élèves qui essaient alors d'équilibrer leur situation le pied gauche sur le terrain du copinage, le droit sur celui du respect de l'autorité. Car il suffit de les regarder se moquer, "charrier", bousculer leurs copains, pour se rendre compte que l'autorité entre potes n'existe tout simplement pas. En permanence, la figure de garde-chiourme sauve la mise: ils sont assis devant leur table, vous êtes face à un bureau sur une estrade, vous faites l'appel et vous égosillez le reste de l'heure à demander le silence, déplacez les groupes trop bruyants, acceptez ou refusez les déplacement vers la poubelle ou la source d'un renseignement en rapport avec le travail qu'ils sont en train d'essayer de faire. Mais à l'extérieur? Dans le self? Au foyer? Vous être sur LEUR territoire. Et ils vous le font remarquer. La figure d'autorité se casse la figure face à leur besoin de se montrer les plus forts-beaux-délicieusement insolents. Et vous et vos collègues de vous plaindre de l'évolution des mentalités vers le règne de l'insolence. Vous vous rappelez avoir été parfois turbulents, mais assez respectueux pour ne pas faire du manque de respect, de politesse et de respect des règles, un maître mot et passage obligé vers la "cool-attitude".

Que sommes-nous en réalité alors? L'intermédiaire entre les profs et les simples copains. Les PIONS. Et le respect se perd sur la route qui sépare ces deux extrêmes. Je suis pessimiste? On pourrait le croire, à la lecture de ce qui précède, mais non! Je savais à quoi m'attendre, tout le monde vous prévient de ce genre de choses (il est bien connu que les gens en bons omniscients, même s'ils n'ont jamais expérimenté ce que vous vous apprêtez à débuter, vous préviennent de sa difficulté!). Un professeur, cette semaine, me disait qu'il serait incapable de faire notre boulot! Alors quelle meilleure motivation que de savoir que vous commencez par le pire?!

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